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lundi 15 février 2010

La coupe aux lèvres, une aventure incroyable.


J’ai quelques "Coupes" dans le rétro, mais celle-ci est vraiment particulière. Elle se termine par une victoire (il n’y a pas de second votre Majesté), dans un climat de tension incroyable entre les deux équipes, par un froid Sibérien et sur des bateaux vraiment particuliers.

J’ai eu la chance de participer à cette aventure en tant que « coach de la cellule arrière ».
La cellule arrière c’est quoi ? Ce sont les quelques gars qui décident : où on va, comment, à quelle vitesse et quand on s'y rend. Elle est composée de John Kosteki tacticien (quand et où ?) James Spithill barreur (comment ?) et Matteo Plazzi navigateur (où l’on est ?). Ces 3 gars décident des trajectoires du bateau. Mon rôle est de faire en sorte que le flux d’informations soit cohérent avec les décisions à prendre et aboutisse à une « bonne » trajectoire en fonction du vent de l’adversaire de la position sur le plan d’eau et du rapport de force relatif.

En pratique je développe un « Playbook » qui répertorie les situations clefs de la régate. À chaque situation, j’essaie de faire correspondre un ou plusieurs « Plays » qui définissent en trajectoire et en action (technique) les meilleures (ou moins mauvaises) solutions imaginées.
C’est un travail interactif qui débouche sur une centaines de « coups », que l’on valide ensemble puisque l’on s'entraîne sur simulateur.

Par exemple : la situation de la bouée au vent de la manche n°2. Quand Alinghi est 70 mètres devant nous, il croise en tribord, se prend les pieds dans le tapis, et ressort derrière,c' est typiquement un « play » qui aboutit à une bonne trajectoire de notre bateau (position sur la layline, quand abattre derrière? communication trimmers etc.). Inversement dans la position d’Alinghi, on a une stratégie (en fait 2) pour gagner ce duel et ressortir devant. L’intérêt d’anticiper ces situations et de les entraîner même virtuellement a paru anachronique à certains du moins au début vu le défi technologique et les potentiels différents en vitesse. Mais au bout du compte, c’est une régate, et la perdre sur une casse matérielle, ou sur un croisement mal anticipé, où est la différence ?

Une autre partie de mon job consistait à modéliser ce que pourraient être les départs sur ce type de bateaux en fonction de la manoeuvrabilité relative d’A5 de USA17. Nous avons développé le simulateur pour le rendre le plus « crédible » possible dans les phases de départ. Ensuite nous avons travaillé les stratégies de départ avec James et anticipé les situations. Je me suis fais pas mal chambré car j’ai fait de la « playstation » tous les jours pendant mon séjour à Valence bien des fois tout seul avec les deux volants (ne le dites pas à mon fils…).

Pour finir je suivais le bateau pendant les entraînements et les régates avec Glenn Ashby (coach en charge de l’aspect technique multicoque) et nous organisions les débreefings d’après nav et après régate pour tirer partie de toutes les heures passées sur l’eau.

Voilà toute l’histoire, elle fût courte mais intense. C’est le prolongement de l’aventure vécue chez Luna Rossa avec James et Mattéo mais également une bonne partie du « shore team » du « design team » et des navigants aux consonances Italiennes.

La 33ème est finie (enfin !!!) vive la 34ème.