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mardi 20 septembre 2011

Plymouth - Spithill emporte une manche extrême



 Des rafales à 30 nœuds, trois chavirages (Energy Team, China Team, Artemis Racing) et une impressionnante collision (Artemis Racing, Green Comm Racing), cette régate en flotte du Plymouth Fleet Racing Championship a poussé le concept dans ses retranchements. Sept des neuf bateaux bouclent le parcours de 40 minutes et James Spithill (USA) sort vainqueur du bras de fer qui l’opposait à Dean Barker (NZL) et Russell Coutts (USA). Aleph (FRA) obtient une réconfortante quatrième place et Energy Team (FRA) qui chavire cinq minutes avant le coup d’envoi mais réussit à prendre le départ, boucle en 6e position.
Ce matin déjà, les manutentions sous la grue donnaient des sueurs froides, autant que la sortie fulgurante des bateaux du bassin peu de temps après. Les minutes qui ont entouré le coup de canon de 16h ont ajouté à l’émotion de la journée. Environ cinq minutes avant le départ, Loïck Peyron évite la collision avec Team Korea. Le skipper n’a pas de porte de sortie et chavire, ce qu’il avait réussi à contourner jusqu’ici en AC45 et sur tout bateau de plus de 25 pieds depuis le début de sa carrière. Belle preuve de sang-froid, les Français réussissent pourtant à remettre l’engin à l’endroit et à prendre le départ de la course.






Pendant ce temps, Aleph vient de toucher Green Comm (ESP) sans gravité mais quelques mètres plus loin c’est l’étrave tribord d’Artemis Racing qui passe sous la coque bâbord de l’Espagnol. Les bateaux restent un moment emboités et ressortent avec quelques ecchymoses. Vasilij Zbogar, le skipper de Green Comm, est aussi légèrement blessé à la main. Ces concurrents ne prennent pas le départ, les Espagnols rentrent au port mais Artemis Racing qui tarde un peu, chavire quelques minutes plus tard et l'un des équipiers passe au travers de l’aile.

Charge de sangliers
Au coup d’envoi, Spithill, Coutts et Barker partent en tête. Team Korea, Aleph, China Team et Energy Team suivent. Le bateau chinois se retourne quelques minutes plus tard. Les équipiers réagissent au quart de tour et, là aussi, la machine est rapidement remise en ordre de marche. China Team termine en dernière position à 9’54’’ du vainqueur, soit six secondes avant la limite.

Dans le peloton, l’opposition est serrée. ORACLE Racing Coutts mène d’une courte tête devant James Spithill. Ce dernier réussit à reprendre la main et à creuser l’écart sur les deux derniers bords tandis que Emirates Team New Zealand s’intercale à la seconde place.

mardi 13 septembre 2011

Un café avec Philippe Presti

Licencié au cercle de voile du Lac de Cazaux à quelques kilomètres de sa maison bardée de pin des Landes sur les rives du bassin d’Arcachon, Philippe Presti possède aussi une jolie collection de miles sur les compagnies aériennes du monde entier. Unique « froggy » du sailing team d’ORACLE Racing, il coache des supers stars comme Coutts, Spithill, Kostecki, Daubney et les autres…respect !

Double Champion du Monde de Finn, vice-Champion du Monde de Soling et double sélectionné olympique en 96 et 2000, le Français a mené sa première campagne America’s Cup avec Areva Challenge en 2003. Il fut ensuite le « sparing partner » d’un certain James Spithill, lorsque le jeune australien barrait le Class America italien de Luna Rossa à Valence en 2007. Déjà, Jimmy saluait ses talents et, depuis, ils ne se quittent plus.
Comment as-tu accédé à ce poste de coach du Sailing Team d’ORACLE Racing ?
« Après la seconde victoire d’Alinghi et lorsque le multicoque commençait à entrer dans les discussions, Jimmy était déjà chez ORACLE et m’a appelé pour poursuivre mon rôle de coach à ses côtés. Nous avons commencé par des entraînements en Match Race à Valence en Extrême 40. Il a fallu ensuite apprendre à régater sur ce grand trimaran à San Diego (trimaran USA 17 qui fut ensuite doté d'une aile rigide). C’était la découverte, nous étions seuls et nous avons passé beaucoup d'heures avec Jimmy sur le simulateur. Après avoir gagné l’America’s Cup, il m’a proposé de revenir pour les Louis Vuitton Trophy qui se disputaient en Class America….et là, il a fallu se remettre au monocoque ! Il y a un an, nous cherchions encore le meilleur support pour la Coupe, alors on se préparait à tout. Jimmy faisait du multicoque, en Class A ou Class C mais aussi du monocoque, sur le circuit de Match Race ou en RC44. »

Quel est le rythme dans l’équipe actuellement ?

« Les navigants sont très itinérants, avec une épreuve tous les 15 jours dans un pays différent. Nous n’avons plus de base à Valence mais une nouvelle à San Francisco, où le Design Team travaille également, et nous avons une seconde base en Nouvelle-Zélande où nous nous sommes entrainés cet hiver. Il faut savoir que nous avons déjà mis beaucoup d’énergie pour concevoir, construire et apprendre à régater sur ces AC45. L’ambiance est très studieuse car nous avons envie de faire une performance ici. Nous n’oublions pas non plus que l’objectif, c’est le gros bateau, l’AC72, pour l’été prochain. »

En quoi consiste concrètement ton rôle ?

« J’aide le Sailing Team à progresser mais avec des profils aussi pointus et expérimentés, c’est un gros challenge. Quand tu t’adresses à des jeunes qui débutent, tu peux être directif. Là, l’approche doit être très différente. J’observe sur l’eau, je décortique les vidéos et j’écoute les enregistrements à bord afin d’identifier et isoler ce qui peut être amélioré. Dans l’action, tu as forcément une vision étroite, mon rôle est donc d’élargir le point de vue et de montrer aux navigants où il faut chercher. Ils sont ensuite suffisamment expérimentés pour trouver ensemble les solutions. Je fais aussi venir des intervenants extérieurs comme par exemple Darren Bundock qui arrive demain (médaillé d’argent en Tornado en 2008 avec Glenn Ashby qui tactique ici pour Dean Barker chez Emirates Team New Zeleand). »
Les épreuves de Match Race débutent mercredi à Cascais, en quoi le jeu s’annonce différent avec ces multicoques ?
« La vision de Larry (Ellison) et Russell (Coutts) est de proposer un spectacle incroyable pour le commun des mortels. A nous de construire le jeu autour de ce concept mais, si le support est différent, cela reste du match racing. Lorsque tu cours sur le circuit mondial, tu dois t’adapter à des bateaux souvent très différents, là c’est pareil. Le fait de partir au Largue influence forcément ta stratégie mais la manière dont tu contrôles l’adversaire, dont tu utilises les règles et les compétences à bord, est la même.

Vous vous êtes entrainés à deux AC45, un point fort non ?

« Oui, s’entraîner à deux bateaux est forcément confortable mais d’autres teams ont préféré courir en Extrême 40 et nous voyons bien chez Emirates Team Zealand que cela leur apporte beaucoup, notamment pour les courses en flotte. »

Qui remplace Simon Daubney (blessé) pour la suite de la semaine ?

« Daniel Fong qui était régleur sur Luna Rossa et vient d’arriver de Nouvelle Zélande. Ce wee-end, c’était Hendo, le chef du shore team, mais nous n’avons pas d’équipiers remplaçants. Nous avons déjà deux équipages complets et ce sera notre contingent de navigants pour la suite. »
Le Defender souhaite révolutionner l’America’s Cup, quel regard portes-tu sur cette ambition ?
« Pour moi, le plus révolutionnaire est d’avoir enfin décidé d’amener la course près de la côte qui est utilisée comme gradins, chose que nous faisons déjà en Match Race par exemple. L’image du milliardaire qui défie le Defender en jetant un gant blanc paraît un peu lointaine mais nous entrons dans un nouveau siècle et c’est génial. Tout le monde ici à la banane, ces bateaux sont funs, c’est de la glisse, la même différence entre le ski de fond et le snowboard et ce n’est que le début. Avec le fait que ce soit open, que l’on puisse s’observer librement, les progrès vont aller très vite. Et si l’on a encore des compromis sur certaines phases de jeu, dans six mois ce sera terminé. »
America’s Cup et monotypie, un nouveau mariage là aussi ?
« En effet, en AC45, tu peux uniquement jouer sur les voiles d’avant. Sur les gennak’, il y a peu de variantes concernant les formes, en revanche, les tissus utilisés diffèrent. Cela bouge plus sur les formes des focs où certains ont des cornes ou non et plus ou moins importantes (angle droit qui rappelle les planches à voile). Après, pour le AC72, ce sera une autre histoire, là, les ingénieurs vont vraiment pouvoir s’exprimer. »

Enfin, quel regard portes-tu sur les deux équipes Françaises : Energy Team et Aleph ?

« C’est super que les Français soient présents. Il faut que les budgets suivent rapidement car c’est dommage avec les compétences et l’amour des Français pour le multi que l’on ne soit pas dans le coup. »

Rattraper le temps déjà perdu est-il réaliste ?
« Nous (chez ORACLE), nous faisons forcément en sorte d’avoir le plus d’avance possible. Je me souviens, quand j’ai commencé la Coupe, je venais de l’Olympisme et je me disais qu’avec un bateau et des bras, on pouvait y arriver. Mais en fait, c’est l’image de l’iceberg, avec ce que tu vois au-dessus - le bateau avec les mecs qui naviguent - et tout le reste que tu ne vois pas en profondeur. Cependant, dans les premières campagnes en Class America, de petites équipes comme Tag avaient sorti des choses intéressantes. En France, nous avons déjà cette compréhension du multicoque ce qui n’est pas le cas de l’Italie par exemple. A l’époque de la 32e, rattraper Alinghi était quasiment impossible si tu n’achetais pas les compétences. Le gap technologique entre les bateaux était trop important. Là, en multicoque, le fond de jeu n’est pas encore suffisamment épais pour que le retard soit irrécupérable. Par contre, ce qui ne change pas c’est qu’un euro investi maintenant en vaudra mille à la fin alors…il ne faut pas traîner ! »

Recueillis par J.Huvé

dimanche 11 septembre 2011

AC45 World Series Plymouth

Oh my god ! Cardiaques s’abstenir. Le palpitant a pris des tours aujourd’hui à Plymouth. Grand soleil, 35 nœuds en rafales et une mer moutonneuse, tout était réuni pour un parfait rodéo dominical. Trois chavirages dont celui d’Aleph (FRA) sont à déclarer et deux ont été évités de peu dont celui de Loïck Peyron (Energy Team) qui n’a jamais chaviré de sa carrière sur un grand multi.
Pendant deux heures, les spectateurs ont aussi pu trembler devant un nombre incalculable d’étraves dangereusement plantées. James Spithill (ORACLE Racing) remporte la manche en flotte et notons aussi la belle 4e place d’Energy Team. Sur les runs de vitesse, Russell Coutts (ORACLE Racing) a de nouveau été le plus rapide.






L’épreuve en flotte s’est jouée sur un parcours d’une quarantaine de minutes, soit le double de celles disputées hier. Rapidement Terry Hutchinson (Artemis Racing) prend la tête, suivi de James Spithill et Loïck Peyron. Tandis que les Suédois abandonnent sur problème technique et qu’Emirates Team New Zealand opère une fois encore une remontée fulgurante dans le groupe de tête, Energy Team défend la troisième place. Mais pendant qu’ils bataillent bord à bord avec Russell Coutts, les Frenchies sortent de quelques mètres du parcours et sont pénalisés. De quoi laisser de l’air à ORACLE Racing Coutts pour prendre et garder cette place sur le podium. L’équipage de Loïck Peyron termine quatrième.

Trois sur le toit
Dans le second bord de reaching (travers au vent), l’AC45 tricolore d’Aleph plante les deux étraves et se couche sur le flanc bâbord. Le skipper Bertrand Pacé en assume ce soir l’entière responsabilité : "Mon manque d’expérience du multicoque a entrainé notre chavirage. On ne peut pas avoir en si peu de temps la régate et le multicoque, ça s’apprend et aujourd’hui, nous avons touché les limites. Le chavirage fait partie du jeu mais les conditions étaient maniables."

Le second sur la liste est Team Korea (KOR). Le bateau de Chris Draper passe pourtant un moment "entre deux" mais finit par se coucher lui aussi. Et sur la fin de parcours, c’est au tour de Green Comm Racing (ESP) de chavirer. Ces deux équipes avaient déjà expérimenté la chose en entrainements, Team Korea à Cascais et Green Comm à Plymouth lundi dernier. Ces cascades surviennent rapidement mais se déroulent relativement en douceur, laissant généralement le temps aux équipiers et à l’invité en 6e homme….de s’accrocher au filet pour retomber sur ses pattes.

Runs de folie !
Après le succès d’hier, les organisateurs ont décidé d'ajouter deux nouveaux contre-la-montre par bateau cet après-midi et le spectacle fut complet. Comme samedi, Russell Coutts a été le plus rapide avec un run à 25,92 nœuds de moyenne (48 km/h).

Dans leur premier essai, Oracle Racing Spithill et Energy Team s’envolent vraiment très haut mais les coques se reposent dans le bon sens. Loïck Peyron qui répète ne pas vouloir appartenir au club des "chavirés" de l’AC45 a donc failli y entrer aujourd’hui. Le Français n’a jamais chaviré à bord d’un multicoque de plus de 25 pieds et confiait ce soir regarder cela au travers de son expérience du large : "Ceux qui apprennent depuis six mois ou un an ont cette chance de l’innocence. Nous, nous savons aussi comment faire mais nous avons trop vécu de catastrophes au large en multi pour ne pas en être imprégnés."

dimanche 4 septembre 2011

Les America’s Cup Series en escale à Plymouth

L’America’s Cup débarque en Angleterre et, avec elle, c’est un impressionnant contingent de l’élite mondiale de la voile qui se prépare à s’affronter pour la seconde fois cette saison à bord des monotypes AC45 à aile rigide. A Cascais le mois dernier, nous avons déjà pu juger du potentiel de ces catamarans aussi spectaculaires qu’usants physiquement.
Durant cette escale choisie au cœur de l’un des ports les plus emblématiques de l’histoire maritime britannique, l’évènement accueille pendant neuf jours un large public attendu sur le Plymouth Hoe, cette célèbre colline qui surplombe le plan d’eau où se tiendront les régates.



Les bases des équipes sont montées, les infrastructures à terre presque opérationnelles et quelques teams ont déjà débuté les entrainements sur zone. A une semaine du coup d’envoi, le grand puzzle des Amercia’s Cup World Series – Plymouth est bientôt complet.

Les régionaux de l’étape
Pour les marins britanniques présents dans les différents équipages, la perspective de jouer à domicile s’avère séduisante : « Naviguer à la maison aura forcément une saveur particulière, » confie Chris Draper, le jeune skipper de Team Korea. « Nous bénéficierons du soutien de nos familles et de nos amis et la baie propose un amphithéâtre naturel qui promet un superbe spectacle pour le public. »

« J’attends ces régates avec impatience, même si je n’ai pas beaucoup navigué à Plymouth. Nous avons analysé notre prestation après le premier événement à Cascais et identifié les atouts dont nous disposons pour ce second rendez-vous. Nous avons réalisé de belles courses et nous sommes globalement satisfaits de notre performance au Portugal mais nous pensons pouvoir encore progresser sur des points clefs. »

Et ils ne seront pas les seuls. Les neuf équipages représentant sept nations rallient actuellement Plymouth afin de reprendre les débats sur ce catamaran extrême qui est l’outil parfait pour des combats de coques particulièrement généreux en adrénaline.

Au Portugal, l’équipage d’ORACLE Racing Spithill a empoché le tournoi de match race, tandis que celui d’Emirates Team New Zealand s’est imposé sur la régate en flotte du dimanche, remportant ainsi le titre de cette première étape des AC World Series.

Les forces en présence sur les AC World Series 2011-2012
• Emirates Team New Zealand (NZL), skipper Dean Barker (NZL)
• Artemis Racing (SWE), skipper Terry Hutchinson (USA)
• ORACLE Racing Spithill (USA), skipper James Spithill (AUS)
• ORACLE Racing Coutts (USA), skipper Russell Coutts (NZL)
• Green Comm Racing (ESP), skipper Vasilij Zbogar (SLO)
• Aleph (FRA), skipper Bertrand Pacé (FRA)
• Team Korea (KOR), skipper Chris Draper (GBR)
• Energy Team (FRA), skipper Loïck Peyron (FRA)
• China Team (CHN), skipper Charlie Ogletree (USA)

A l’agenda de Plymouth
Le premier week-end est consacré aux AC Preliminaries avec quatre régates en flotte entre samedi (départ à 14h10, heure locale) et dimanche (15h00, heure locale), ainsi que les épreuves de vitesse AC 500 Speed Trial, programmées le samedi après-midi.

Après deux jours de repos lundi et mardi, l’AC Match Race Championship débute mercredi pour trois jours de qualifications. Celles-ci mixent régates en flotte et duels, en perspective des quarts, demis et finale du tournoi de match race disputés le samedi. Le point d’orgue de l’évènement a lieu dimanche (18/09) avec l’ultime régate en flotte dont le vainqueur remporte le titre des AC World Series – Plymouth.

Plusieurs milliers de spectateurs sont attendus, tant en mer que sur le rivage. Installé entre la côte et le brise-lame dans la baie, le plan d’eau sera très proche de la ville avec une vue exceptionnelle depuis le promontoire du Plymouth Hoe. Le Village de Course accueille, quant à lui, le public sur le front de mer et les docks de Millbay, et offre un large panel d’animations entre retransmissions live des régates et programmation musicale de choix.

Après Cascais, les America’s Cup World Series font donc escale à Plymouth avant de traverser l’Atlantique pour la troisième et dernière étape de la saison 2011 qui se déroulera du 12 au 20 novembre à San Diego en Californie.

Du live, encore du live!
Pour suivre l’action en direct, les spectateurs sont invités à se connecter sur la chaine dédiée America’s Cup YouTube. Grâce à un dispositif révolutionnaire de multi-écrans, chacun peut choisir entre cinq points de vue sur la course incluant le live principal avec les commentaires d’experts mais aussi les images virtuels 3D et la possibilité d’embarquer à bord des AC45 pour voir et entendre ce qui se passe en direct au sein des équipages. Toute l’actualité de la compétition en vidéo est aussi disponible à la demande sur www.youtube.com/americascup.